Les financiers au service de la sécurité en entreprise

Dans son ouvrage intitulé « Gestion des risques financiers à l’export », Isabelle Guibert revient sur les problématiques de sécurité en entreprise dans le cadre de projets de construction d’infrastructures à l’international et sur le rôle des financiers dans la gestion de ce risque.

Dix ans après le cœur de la dernière crise financière centennale, en 2008, l’exposition aux risques financiers de nos multinationales a-t-elle évolué ? les enjeux ont-ils changé ? pourquoi et comment ? Les politiques d’assouplissement monétaire menées par les principales banques centrales ces dernières années ont bouleversé les marchés de taux d’intérêts et les conditions de refinancement de nos entreprises. Nos multinationales ont pu se refinancer à faible coût, voire à taux d’intérêts négatifs, ont assaini leurs bilans et abaissé leurs taux moyens de refinancement, en même temps qu’elles devaient aller chercher leur croissance dans des pays présentant des risques de contrepartie, de crédit et politiques accrus, l’Europe de l’Ouest croulant sous l’endettement public et étant en panne de reprise.

Au-delà des problématiques de financements locaux auxquelles le gestionnaire de risques financiers est capable de trouver des solutions au quotidien, la conquête de nouveaux marchés dans des pays émergents _ dotés d’une situation politique plus ou moins stable ou dans des pays sortant de conflits et où tout était à reconstruire, comme en Irak en 2011 _ a généré des risques évidents de sécurité dans le cadre du retour de nos multinationales dans ces pays, via de nouveaux projets ou des implantations directes, tels que :

  • Enlèvement et rançon,
  • Guerre / guerre civile,
  • Coup d’état,
  • Révolution / rébellion,
  • Insurrection ou tout acte hostile émanant d’un pouvoir belligérant,
  • Grèves, émeutes, agitations civiles,
  • Dommage volontaire,
  • Sabotage.

Même si la sécurité physique des collaborateurs est du ressort du Directeur Sûreté, la couverture du risque d’interruption de contrat, pouvant englober tout ou partie des risques énoncés ci-dessus, est envisageable et doit être envisagée, afin d’atténuer les aléas autour de la sûreté des collaborateurs. Au-delà de la nécessité d’un « bon ficelage juridique » du contrat avec les clauses idoines, aussi bien vis-à-vis du client final, que des partenaires et des sous ou cotraitants, c’est ici qu’entrent en jeu les assureurs publics ou privés tels que le Lloyd’s de Londres, spécialisés en couverture de risques politiques : de la couverture du « simple » risque de grève à l’interruption de contrat soudaine pour fait de guerre. Le cas échéant, la police d’assurance souscrite devrait être en cohérence avec une éventuelle police souscrite auprès d’une compagnie d’assurance en santé internationale, d’où la nécessité d’une étroite collaboration entre le Directeur Sûreté et la Direction en charge de la gestion de ces risques politiques. En effet, la police d’assurance permettrait à la société ou au groupement d’être indemnisé, en cas de révolution dans le pays du projet et de nécessité de rapatriement soudain des collaborateurs, lié à l’interruption du contrat par exemple.

Assurer un grand projet d’infrastructure à l’international n’est pas une option, même si les commerciaux ou responsables d’affaires serrent les cordons de la bourse lors de la réponse à l’appel d’offre ou quand bien même le projet serait en partenariat avec un groupe français « ami », la règle du « chacun pour soi » prévaudra à l’heure des comptes, en cas d’interruption soudaine du contrat et de départ précipité des collaborateurs pour fait de guerre par exemple.

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