Belle année dernière, bonne année 2019 !

Le 17 janvier 2018 paraissait le Global Risks Report. Pour la 2ème année consécutive, les risques environnementaux dominaient l’enquête. 59% des experts interrogés faisaient également part d’une intensification des risques en 2018, en partie liée à la détérioration du paysage géopolitique. Du côté des affaires, sans « surprise », nous retrouvions dans le Top 5 : le chômage, l’échec des politiques nationales, les crises financières, l’échec du système financier et les cyber attaques. En complément des risques environnementaux, nous retrouvions dans le Top 10 des risques les plus probables ou les plus importants sur les 10 années à venir : les cyber attaques, la fraude ou le vol de données, 2017 ayant été notamment marquée par les attaques NotPetya et Wannacry. Les attaques cyber, de moindre ampleur mais tout aussi désastreuses, ont largement continué en 2018, un sondage IFOP pour Kaspersky Lab nous indiquant que « 21 % des PME ont été victimes de cyberattaque en 2018 ».

Le risque cyber

Cette même étude souligne que, 7 mois après l’entrée en vigueur du RGPD, « 45 % des PME n’ont pas renforcé leurs mesures de sécurité, et 77 % n’ont pas réalisé d’audit sur le sujet ». Quand ces attaques n’ont pas mené ces entreprises directement à la liquidation, Kaspersky Lab estime que « 64 % des entreprises attaquées ont perdu moins de 10 000 euros, 14 % plus de 51 000 euros, et 6 % plus de 100 000 euros ».

Le 25 mai 2018 entrait en vigueur le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), dans le prolongement de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, un règlement pouvant notamment contribuer à maîtriser une partie du risque cyber, par certaines de ses exigences en matière de sécurité des données.  La CNIL, quatre mois après l’entrée en application du RGPD, dressait un premier bilan constatant

« que les professionnels et les particuliers se sont emparés de ce nouveau cadre et que sa mise en œuvre est effective en France et en Europe »,

notant une certaine prise de conscience de la part des particuliers ainsi que, du côté des professionnels, la désignation par 24 500 organismes d’un délégué à la protection des données. Post entrée en application, l’Union Européenne (UE) a continué à avancer sur le RGPD avec la publication de lignes directrices sur l’extraterritorialité du RGPD, destinées à clarifier les critères permettant de déterminer le champ d’application territorial du RGPD, par exemple sur le concept d’établissement en droit communautaire ou encore sur l’application extraterritoriale du RGPD aux parties n’ayant pas d’établissement dans l’UE. Certaines sanctions des régulateurs européens rendues publiques, notamment celles de la CNIL, encore principalement liées à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, ont été fortement médiatisées en 2008.

Des sanctions encore bien faibles au regard des préjudices causés et de la performance financière de certains de ces acteurs

Parmi les GAFAM, c’est Facebook qui aura certainement vu le plus s’enchainer les affaires et scandales, souvent liés à des choix datant d’il y a quelques années ou à des défaillances techniques. C’est en mars que commençait la série, deux journalistes nous révélant que Cambridge Analytica, entreprise britannique spécialisée dans l’influence politique, avait utilisé les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement. Le profilage psychologique de ces données aurait-il permis d’influencer le résultat des élections américaines de 2016 ? Idem pour le Brexit ? Affaire à suivre … Ce même mois, l’ONU estimait également que Facebook avait eu un rôle « déterminant » dans le processus de génocide de la minorité ethnique des Rohingya en Birmanie, du fait de la diffusion de discours haineux sur son réseau, à travers de faux comptes. En septembre, des développeurs subtilisaient les données de 29 millions d’utilisateurs. Nous apprenions également en décembre que les photos privées de 6,8 millions d’utilisateurs avaient été exposées à des centaines de développeurs extérieurs du fait de bugs dans l’interface de Facebook.  Des chiffres de fuites de données vertigineux avec, en face, plusieurs témoignages et auditions de dirigeants de la firme, des plaintes et quelques amendes des régulateurs européens dont les montants n’ont aucune commune mesure avec ces chiffres. En effet, parmi les sanctions les plus importantes financièrement, la CNIL a prononcé une sanction de 150.000 euros à l’encontre de Facebook en mai 2018, constatant notamment que la firme procédait à la combinaison massive des données personnelles des internautes à des fins de ciblage publicitaire. Il a aussi été constaté que Facebook traçait à leur insu les internautes, avec ou sans compte, sur des sites tiers via un cookie.

Le 7 juin 2018, la CNIL a également prononcé une sanction pécuniaire de 250 000 euros à l’encontre de la société OPTICAL CENTER, car le site internet de la société n’intégrait pas de fonctionnalité permettant de vérifier qu’un client était bien connecté à son espace personnel avant de lui afficher ses factures et estimant donc que la société avait manqué à son obligation de sécurité des données personnelles, en méconnaissance de l’article 34 de la loi Informatique et Libertés.

Nous ne pouvons que rappeler l’importance de se mettre en conformité avec le RGPD, la protection des données étant l’un des remparts aux effets collatéraux des cyber attaques pour les entreprises et collectivités.

En décembre, la formation restreinte de la CNIL a prononcé une sanction de 400.000 euros à l’encontre de la société UBER pour avoir insuffisamment sécurisé les données des utilisateurs de son service de VTC, précédée par d’autres autorités européennes. En effet, le 6 novembre, l’autorité néerlandaise de protection des données avait prononcé une amende de 600 000 euros à l’encontre d’UBER pour manquement à l’obligation de notification de la violation de données et le 26 novembre dernier, l’ICO avait prononcé une sanction de 385 000 £ pour manquement à l’obligation de sécuriser les données. Et enfin, la CNIL prononçait aussi une sanction de 250 000 euros en décembre à l’encontre de la société BOUYGUES TELECOM pour avoir insuffisamment protégé les données de clients B&You, la CNIL tenant compte néanmoins de la rapidité de la société à résoudre l’incident.

Au millefeuille juridique français est venue s’ajouter la loi sur le secret des affaires adoptée à mi-année, destinée à protéger les informations sensibles, notamment stratégiques telles que celles qui touchent les innovations des entreprises. Comment vont s’articuler Sapin 2, le RGPD _ aussi du domaine des données sensibles _ avec cette loi ?

 

2018, année de la lutte mondiale contre la corruption

L’année 2018 s’ouvrait également par l’annonce par Alstom de la fin de la période d’obligation d’auto déclaration de trois ans que le groupe avait acceptée dans le cadre de l’accord du 22 décembre 2014 conclu avec la justice américaine.

En Afrique, le sujet a été d’importance aussi, l’Union Africaine ayant déclaré 2018 comme étant l’année de lutte contre la corruption, lors de son 30ème sommet, cette annonce devant, quinze ans après l’adoption de la Convention de l’UA sur la prévention et la lutte contre la corruption, permettre

« de faire le point sur les progrès réalisés jusqu’à présent, d’évaluer ce qu’il reste à faire et de concevoir de nouvelles stratégies pour lutter contre la corruption ».

En France, l’AFA (Agence Française Anticorruption ) a continué à prendre ses marques avec la publication du questionnaire et de la liste des pièces à fournir dans le cadre de ses contrôles en vertu de l’article 17 de la loi Sapin 2, de sa « Charte des droits et devoirs des parties prenantes au contrôle pour les acteurs publics » et enfin, avec la signature de trois protocoles de partenariat, respectivement avec le Parquet National Financier (PNF), le parquet de Nanterre et  les parquets de Bastia et d’Ajaccio.

Premier exemple de coopération entre l’AFA et une autorité anti-corruption étrangère : le 4 juin 2018, la Société Générale annonçait officiellement être parvenue à des accords de principe avec le U.S. Department of Justice (DOJ) et la U.S. Commodity Futures Trading Commission (CFTC) mettant fin à leurs enquêtes relatives aux soumissions IBOR présentées par Société Générale (le « dossier IBOR »), et avec le DOJ et le PNF mettant fin à leurs enquêtes relatives à certaines opérations avec des contreparties Libyennes (le « dossier Libyen »).

 

La conformité sur le devant de la scène …

Fortement médiatisés, les sanctions ou l’aboutissement d’accords transactionnels à l’égard des banques pour faits de corruption ou de violations d’embargos ont continué à exposer les établissements financiers en 2018.

Aux Pays-Bas, la banque néerlandaise ING annonçait en septembre avoir conclu un accord transactionnel avec le ministère public néerlandais et accepté de payer une amende de 675 millions d’euros, ainsi que 100 millions d’euros de restitution, afin de mettre fin à une affaire de corruption et de blanchiment d’argent. La Securities and Exchange Commission (SEC) américaine renonçait alors à des poursuites dans la même affaire.

Aux Etats-Unis, comme l’indiquaient les médias en octobre, Standard Chartered aurait été notamment soupçonnée d’avoir effectué des transactions en dollars américains pour le compte d’entités contrôlées par l’Iran, alors que la banque avait accepté de verser 667 millions de dollars aux autorités américaines en 2012 pour mettre fin à des poursuites judiciaires liées à des violations du programme de sanctions iranien. Il s’agirait d’une procédure pénale à l’encontre de deux anciens employés de la banque Standard Chartered. Le groupe aurait déjà averti ses actionnaires :

« le Groupe est engagé dans des discussions avec les autorités américaines compétentes concernant la résolution de cette enquête. Une telle résolution peut impliquer une série de sanctions civiles et pénales en cas de violation des sanctions, y compris des sanctions financières substantielles combinées à d’autres mesures de conformité telles que des mesures correctives et/ou des restrictions commerciales ».

En octobre, le département du Trésor américain annonçait que la banque JP Morgan avait accepté de verser 5,2 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites concernant des violations de programmes de sanctions américains visant l’Iran et Cuba. Un constat de violation concernant le programme de sanctions contre la Syrie aurait aussi été émis.

C’est en octobre également que s’ouvrait le procès de la banque suisse UBS, avec les chefs d’accusation de « blanchiment aggravé de fraude fiscale », « démarchage bancaire illicite » et « complicité de blanchiment de fraude fiscale » pour la banque, sa filiale française et six autres prévenus. A suivre en 2019.

En fin d’année, le PNF ouvrait une enquête liée à l’affaire de corruption 1MDB, fonds souverain de Malaisie « 1 Malaysia Development Berhad », créé en 2009 pour soutenir le développement de ce pays d’Asie du Sud-Est et soupçonné d’avoir servi de support pour le blanchiment d’argent et la corruption d’agents publics dans plus de 10 pays. En novembre, le DOJ avait annoncé l’inculpation de deux anciens banquiers de Goldman Sachs et d’un financier malaisien pour blanchiment d’argent et corruption dans le cadre de cette affaire. Ce même mois, le DOJ avait également annoncé qu’

« un ancien employé du DOJ avait plaidé coupable pour son rôle dans un complot visant à tromper des banques américaines quant à la provenance et l’objet de millions de dollars, envoyés depuis l’étranger dans le but de financer une campagne de lobbying pour le compte d’intérêts étrangers ».

Ce dernier aurait reconnu avoir blanchi des fonds pour compte d’autrui. Ces fonds étrangers auraient notamment contribué au financement d’une campagne de lobbying visant à résoudre les litiges civils et criminels liés à l’enquête des autorités américaines visant 1MDB. Et enfin, la banque d’affaires Goldman Sachs reconnaissait en fin d’année, dans son dernier rapport financier transmis à la SEC, un dysfonctionnement potentiel dans son processus de contrôle interne qui aurait facilité ce montage illicite et prévenait sur une potentielle amende à venir. Une affaire aux ramifications tentaculaires à suivre en 2019.

 

Instabilité et tensions géopolitiques …

Le Global Risks Report nous avertissait, début 2018, que

« nous peinons à suivre le rythme accéléré du changement, et il met en évidence de nombreux domaines où nous poussons les systèmes jusqu’à leur limite, que ce soit en provoquant un taux trop élevé d’extinction des espèces, une réduction trop importante de la biodiversité, ou en nous dirigeant vers la possibilité de nouvelles guerres. »

Un tournant dans la politique commerciale des Etats-Unis ?

2018 a été marquée par l’incertitude qui a trouvé naissance dans les différends commerciaux entre les États-Unis et plusieurs de ses partenaires.

L’année 2018 a en effet vu le retour du protectionnisme avec l’instauration de taxes sur l’acier et l’aluminium par les Etats-Unis en mars, une guerre commerciale qui est allée crescendo au cours de l’année avec une salve de ripostes côté chinois, et enfin, un cessez-le-feu fin novembre pour 90 jours entre les deux pays. Ceci sur fond de guerre économique, avec l’arrestation de la Directrice Financière de Huawei par les Etats-Unis et l’arrêt de deux canadiens par l’empire du Milieu en décembre. Le 28 décembre, la Chine autorisait pour la première fois les importations, marginales, de riz américain. Un signe d’apaisement dans la guerre commerciale qui oppose les deux puissances économiques mondiales ? Rendez-vous le 1er mars 2019 … ou avant, qui sait ?

Pendant ce temps, au Moyen-Orient …

Le 23 janvier 2018, lors de son colloque risque pays, la COFACE relevait, parmi l’un des trois risques majeurs pour 2018,

le « risque politique à surveiller dans un contexte de calendrier électoral chargé », notant que «la frustration sociale reste élevée dans les pays émergents au début d’une année riche en élections et s’accompagne d’un niveau élevé de l’indice de risque de troubles sociaux de Coface en Iran (score de 71%), au Liban (65%), en Russie (64%), en Algérie, au Brésil ou encore au Mexique (61% chacun) ».

Une grande partie des sanctions internationales contre l’Iran, troisième exportateur mondial de pétrole, avaient été levées début 2016 à la suite de l’accord de Vienne (JCPoA), conclu le 14 juillet 2015. Le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump annonçait le retrait des États-Unis de ce plan d’action global commun et le rétablissement de toutes les sanctions qui avaient été levées en vertu de cet accord. Le premier rétablissement des sanctions américaines entrait en vigueur le 6 août, visant certaines transactions financières et, entre autres, le secteur automobile. Les Etats-Unis rétablissaient ensuite des sanctions contre le secteur pétrolier iranien. La Chine, l’Inde, la Corée du Sud, le Japon et la Turquie – tous importateurs de pétrole iranien – devraient faire partie d’une liste de huit pays qui seraient exemptés temporairement de sanctions afin que les prix du pétrole brut ne s’effondrent pas. Cette dérogation serait liée à un engagement des pays concernés à réduire leurs liens économiques avec l’Iran dans des domaines non frappés par les sanctions.

En riposte, le processus de mise à jour de la loi de blocage de l’UE entrait en vigueur le 7 août, consistant à ajouter à son champ d’application les sanctions extraterritoriales que les États-Unis rétablissent contre l’Iran « pour atténuer l’incidence de ces sanctions sur les intérêts des entreprises de l’UE exerçant des activités légitimes en Iran ». Cette mise à jour de la loi de blocage s’inscrivait dans la volonté de l’UE de poursuivre la mise en œuvre intégrale et effective de l’accord sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015, notamment en soutenant les relations économiques et commerciales entre l’UE et l’Iran, qui semblaient se normaliser depuis que cet accord avait conduit à la levée des sanctions liées au nucléaire. Néanmoins, en conséquence du rétablissement des sanctions américaines contre l’Iran, de grands groupes industriels français tels que Total, PSA ou encore CMA-CGM annonçait au fil de l’année 2018 suspendre leurs activités en Iran. Air France, qui avait repris ses liaisons vers Téhéran en avril 2016 après les avoir suspendues en 2008 à la suite de sanctions internationales contre l’Iran, cessait ces liaisons avec Téhéran en septembre en raison de leur faible rentabilité commerciale liée aux sanctions américaines contre l’Iran. Idem pour British Airways …

Le 27 août, l’Iran demandait à la Cour internationale de justice (CIJ) la levée des sanctions imposées par les Etats-Unis, au motif qu’elles viseraient à affaiblir son économie et seraient également une « violation d’un traité peu connu signé en 1955 entre les deux pays ». Le président iranien, Hassan Rohani, s’exprimait ainsi sur ces sanctions :

« J’annonce que nous allons contourner avec fierté vos sanctions illégales et injustes car elles vont à l’encontre du droit international ».

Le 3 octobre, la Cour Internationale de Justice (CIJ), considérant notamment que les sanctions imposées violaient ce traité d’amitié conclu en 1955 entre l’Iran et les États-Unis, décidait à l’unanimité que les Etats-Unis devaient mettre fin aux sanctions contre l’Iran visant l’importation des biens nécessaires à des fins humanitaires (notamment les médicaments, les appareils médicaux, les denrées alimentaires, les produits agricoles, les pièces détachées, ainsi que l’équipement et les services associés à la sécurité de l’aviation civile). Les Etats-Unis avaient cependant déclaré le 28 août qu’ils estimaient que cette affaire n’était pas du ressort de la CIJ, l’Iran n’ayant pas « établi l’existence d’une base garantissant la compétence de la Cour ».

Coup d’épée dans l’eau de l’UE alors que se rebattent les cartes au Moyen-Orient ? En tout état de cause, l’économie iranienne est fragilisée et affaiblie dans sa région. A suivre en 2019.

 

du tunnel en 2018, mettant un terme à huit ans de crises successives, ceci au prix d’un ajustement budgétaire profond et d’une dévaluation interne sévère, plus marquée qu’en Espagne et au Portugal. Enfin, les tensions entre l’Italie et Bruxelles ont alimenté les inquiétudes des investisseurs.

Le dimanche 11 novembre 2018, sur fond de tensions géopolitiques, la France se retrouvait au centre du monde en accueillant environ 70 chefs d’Etats du monde entier pour commémorer le centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale et participer à un forum international sur la paix, organisé par le Président Emmanuel Macron, forme de gouvernance pour défendre le multilatéralisme, que d’aucuns pourraient avoir tendance à remettre en cause aujourd’hui. Puissent les leçons du passé nous aider à construire l’avenir.

Ce n’est qu’une semaine après ces célébrations, que la Vè République entrait dans l’une des périodes les plus chaotiques de son histoire sur fond de tensions sociales, dont l’élément déclencheur serait la transition écologique, peu avant le début de la COP 24. Bilan mitigé semble-t-il pour cette COP 24, tenue peu après l’annonce du Brésil de renoncer à héberger la COP25. En cette fin d’année, la France et l’UE étaient aussi confrontées à une crise politique de grande ampleur, née autour de l’accueil des migrants secourus en mer. Vastes défis pour le futur, notamment celui des réfugiés climatiques.

Ce n’est qu’une semaine après ces célébrations, que la Vè République entrait dans l’une des périodes les plus chaotiques de son histoire sur fond de tensions sociales, dont l’élément déclencheur serait la transition écologique, peu avant le début de la COP 24. Bilan mitigé semble-t-il pour cette COP 24, tenue peu après l’annonce du Brésil de renoncer à héberger la COP25. En cette fin d’année, la France et l’UE étaient aussi confrontées à une crise politique de grande ampleur, née autour de l’accueil des migrants secourus en mer. Vastes défis pour le futur, notamment celui des réfugiés climatiques.

Le prix Nobel de la paix était attribué, le 5 octobre, au médecin gynécologue congolais Denis Mukwege et à l’Irakienne yézidie Nadia Murad, ex-esclave de l’organisation Etat islamique (EI), « pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre ». Tous deux avaient déjà reçu le prix Sakharov, décerné par le Parlement européen. On peut dire que ces deux prix Nobel ont convoqué l’histoire avec leurs discours respectifs, forts et émouvants, lors de la cérémonie de remise du prix, le 10 décembre à Oslo, en Norvège. A voir également le film « Les filles du soleil », d’Eva Husson, poignant et magnifiquement tourné, en sélection officielle au Festival de Cannes 2018, qui s’inspire notamment des massacres de Sinjar, commis en août 2014 en Irak contre les yézidis par les djihadistes de l’EI.

Et enfin, n’oublions pas que le 24 mars 2018, le lieutenant-colonel Beltrame succombait à ses blessures à la suite de l’attaque terroriste d’un supermarché de Trèbes où il s’était substitué au dernier otage retenu. Merci et bravo aux forces de l’ordre, ainsi qu’aux sociétés de sécurité privée pour leur courage et leur engagement à nous défendre sans relâche.

Et, quid de la protection des investissements ?

Fin 2018, était adopté par l’Assemblée nationale l’article 55, relatif aux modifications du régime de sanction des investissements étrangers en France du projet de loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), mesure destinée à renforcer et à élargir la procédure d’autorisation préalable d’investissements étrangers en France, dans un souci d’amélioration de la protection des secteurs stratégiques. Outre-Atlantique, le président Donald Trump, avait engagé quelques mois avant une réforme de l’investissement étranger et du contrôle des exportations dans le domaine des technologies en signant la loi de finances relative au budget de la défense nationale (NDAA) pour l’année fiscale 2019, modernisant notamment le Comité pour l’investissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS) – en charge d’examiner certaines transactions impliquant un investissement étranger aux Etats-Unis (« transactions surveillées »), dans le but de déterminer leur impact sur la sécurité nationale, incluant notamment l’élargissement du champ des transactions surveillées par le CFIUS et l’introduction des déclarations obligatoires concernant les transactions dans lesquelles un gouvernement étranger a un « intérêt substantiel » ou qui impliquent une « technologie essentielle ».

Le lent revirement de politique monétaire des banques centrales

Le 14 septembre nous rappelait la crise financière de 2008, date anniversaire de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers … démarrage d’une crise financière centennale, qui bouleversera l’économie et l’ordre mondiaux au-delà d’une décennie … Depuis 10 ans, les principales banques centrales mondiales ont dû faire preuve de doigté dans leurs politiques monétaires respectives, afin de sortir l’économie mondiale de l’ornière. Tandis que la Federal Reserve (FED) relevait 4 fois ses taux directeurs en 2018, la Banque Centrale Européenne (BCE) qui, pendant trois ans, avec d’autres banques centrales, avait racheté 80 milliards d’euros par mois de dettes publiques et privées afin de raviver la croissance sur le vieux-continent terminait fin décembre son programme d’assouplissement monétaire. Au-delà des enjeux de croissance, d’inflation et de chômage, la lutte contre le réchauffement climatique, engagée également par la plupart des banques centrales, qui voient dans ce dérèglement de futures sources d’inflation notamment, devrait réduire leur visibilité et rendre leurs travaux de prévisions et donc de pilotage des économies encore plus périlleux à l’avenir.

L’euro a fêté ses 20 ans !

Et enfin, c’était il y a vingt ans, le 31 décembre 1998 à 14h CET, que les taux de conversion définitifs entre monnaies européennes étaient publiés avec le fameux 1 EUR = 6,55957 FRF, onze pays adoptant l’euro pour leurs transactions financières à partir du 1er janvier 1999. Cela signait également l’abandon de la parité dollar/mark, qui faisait souvent de l’ombre au franc sur les marchés financiers. Souvent pris comme bouc-émissaire, l’euro a notamment permis l’arrêt des dévaluations compétitives pratiquées par certains membres de l’Europe. Nous en avons vu les limites après la crise de 2008, l’Europe ayant créé la BCE mais pas de pouvoir politique unique ni de budget, les états se trouvant alors dans l’impossibilité de dévaluer leur monnaie afin d’ajuster leurs économies. Leçon retenue, puisque le 14 décembre, les chefs d’État de la zone euro actaient le principe d’un accord sur le budget de la zone euro d’ici au printemps 2019. Autre pas dans la poursuite de la construction européenne sur le plan économique, la BCE lançait fin novembre le Target Instant Payment Settlement (TIPS), un système de paiement opérant les virements bancaires en moins d’une seconde dans toute la zone Euro, en réponse notamment au système Paypal américain, belle avancée technologique et influente !

 

L’année 2018 nous a régalé durant l’été avec la victoire des Bleus lors de la 21ème coupe du monde de football le 15 juillet, puis en août avec sa pluie d’étoiles filantes des Perséides. Alors, très belle année 2019 lumineuse et sous le signe de la cohésion !

En 2019, nous serons tout particulièrement vigilants à l’évolution du Brexit, de la guerre commerciale sino-américaine, du protectionnisme engagé en 2018 et aux avancées en protection des données dans le monde. Parviendrons-nous enfin à taxer les GAFAM en France, voire à l’échelon européen _ l’arlésienne aujourd’hui _ de manière efficiente ? Sur le plan économique également, l’impact du réchauffement climatique risque d’être non négligeable sur la croissance et sur l’inflation, en raison de l’importance des catastrophes naturelles croissantes, un nouvel indicateur donc à prendre en compte par les banques centrales dans leurs politiques monétaires. Les faits de corruption et de blanchiment d’argent traités par la justice en 2018, les nouvelles lois promulguées depuis plusieurs années afin de stabiliser notre système financier, de lutter contre la fraude, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’extension des pouvoirs des régulateurs, ne peuvent que nous conforter dans l’importance de la place de la conformité et de l’éthique dans nos organisations, qu’elles émanent des secteurs financiers, publics ou privés. Le 10 septembre 2018, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’un appel aux Etats membres les pressant dans la lutte contre la corruption afin d’empêcher les conflits, avait indiqué :

« les liens entre corruption, terrorisme et extrémisme violent ont été maintes fois reconnus par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ».

Sur le plan sécuritaire, les attaques terroristes, qui ont émaillé certaines régions du monde en 2018, nous confortent dans la nécessité de gérer ce risque dans nos projets professionnels et d’adapter les politiques de sûreté et d’assurance de nos organisations. Les agents de sécurité privée devraient d’ailleurs continuer à voir leurs fonctions renforcées dans ce cadre. Le 11 décembre 2018, la France, à nouveau endeuillée par le terrorisme nous rappelait que, depuis plusieurs années, nous vivons dans un monde nouveau et que l’accroissement des risques de sûreté nationale doit également nous pousser à nous former nous-mêmes à réagir en cas d’attaques et à apprendre les gestes qui sauvent.

Du côté de la protection de nos entreprises, un décret élargissant le champ d’application du contrôle des Investissements Etrangers en France (IEF) à de nouveaux secteurs stratégiques _ la cybersécurité, l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, la robotique et la fabrication additive _ est entré en vigueur le 1er janvier 2019. L’année 2019 sera-t-elle l’année de sécurisation de la mise en place de l’intelligence artificielle ? Et donc, d’une meilleure résilience cyber notamment ?

Et pour vous, quel est le Top 5 des risques en 2019 ?